lundi 24 août 2020

On n'est pas tant à s'aimer, je te jure

 Mon cher Michel, [...]

A Paris, j'ai vu une trentaine d'individus. Le vertige. La N.R.F. est de plus en plus sinistre. Pas mal de choses vont s'écrouler, là, en série. On regardera, de près ou de loin.

Ecris-moi, assez longuement, si tu as le temps et l'envie. On n'est pas tant à s'aimer, je te jure. Et c'est tout de même bien nécessaire, puisqu'on peut, malgré tout et tous. Je te salue, Michel, bon courage, travaille bien, comme tu sais.

Georges.

Lettre 170 [1962], Correspondance George Perros-Michel Butor, p.126.

*

Mon cher Michel, [...] 

Je viens de lire Barthes. C'est toujours très excitant. Avec je ne sais quoi d'existentiellement triste. C'est bien vrai que nous sommes passés de la médecine à la chirurgie, puis à je ne sais quoi, que la psychanalyse frôle mais rate le plus souvent. C'est bien vrai et c'est bien. Mais l'honnêteté, qui veut qu'on dise qu'il est impossible d'être sincère, etc. se retourne un peu vite contre l'espèce de vertige, oublié, qu'on a tous connu aux alentours de l'adolescence. [...]

Lettre 228 [1964], Correspondance George Perros-Michel Butor, p.166.

*

Mon cher Michel, 

j'ai donc lu très vite, trop vite, mais tu me presses, c'est diabolique. J'en sors avec le vertige, ça grouille, tes volontés s'y affirment, tes investigations, tes besoins.

J'ai eu le temps de relever une suite de "même", au haut de la page 47. Un peu lourd. Puis, dans Litanie d'eau, je me demande si les rappels vénitiens, p. 129, 153, 161, sont très heureux. Mais tu dois y tenir. [...]

Lettre 241[1964], Correspondance George Perros-Michel Butor, p.174.

 

Michel Butor et Georges Perros, lors d’un déjeuner au zoo de Vincennes, proche de l’université Paris VIII où Butor enseigne (mai 1969) © Collection Georges Perros.tif 

Sur Perros, on peut lire Linda Lê, En attendant Nadeau.

 

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