[...]
... silence et me voici, moi qui voulais crier
toute la lourde douleur condensée minuscule
dans le seul petit globe dur d'un univers,
moi qui voulais montrer mon sang, comme il coulait
quand mes ongles raclaient le dedans de mes côtes,
moi qui cherchais des mots triomphaux pour chanter
comme sifflait la hache dans les os de ma main
quand je m'amputais de moi-même,
me voici la parole coupée, et me voici minuscule,
perdu dans le vertige absolu de ton sein,
me voici la voix blanche, me voici ridicule :
tout cela n'était rien.
[...]
René Daumal, A la néante, in in Les Poètes du Grand Jeu, Poésie/Gallimard, 2003, p. 261-262.
"C'est entendu. Table rase : tout est vrai, - il n'y a plus rien. Le grand vertige de la Révolte a fait chanceler, tomber la fantasmagorie des apparences. Illusion déchiquetée, le monde sensible se déforme, se reforme, paraît et disparaît au gré du révolté. A la place de ce qui fut lui-même, sa conscience, l'autonomie de sa personne humaine un gouffre noir tournoie. Ses yeux révulsés voient entre ses tempes tendues s'étendre une immense steppe vide barrée, à l'horizon, par la banquise de ses vieux sens blanchis."
Roger-Gilbert Lecomte, La force des renoncements, in Les Poètes du Grand Jeu, Poésie/Gallimard, 2003, p. 40.
"Nous ne sommes jamais seuls à inventer notre chemin. Une femme et un homme nous ont fait naître, et d'autres, avant, les ont fait naître. Des visages se penchent sur nous dans notre enfance. Nous recherchons la présence des autres, la chaleur de l'amitié, le vertige et la tendresse de l'amour. Les langues que nous parlons, les villes et les villages que nous habitons, l'écriture, ce que nous savons de la vie et du monde, de la musique, du théâtre, et de la beauté, nos croyances, nos rites, et jusqu'à la manière dont nous nous séparons des morts, tout - presque tout - de ce que nous pensons nôtre, faisons nôtre en nous l'appropriant, nous est transmis, légué, à travers l'espace et le temps. Nous sommes faits de la mémoire des autres. Proches ou lointains, présents ou absents, vivants ou morts. Et nous transformons cette mémoire. Nous la réinventons."
Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres, Darwin et le bouleversement du monde, Fayard/Seuil, 2011, p. 487.
"Il y avait plus de dix ans que Mellé n'avait plus passé une nuit sous la tente. Jeune, à chaque aube des nuits passées au bord d'un bois, il se retrouvait arrivé. Arrivé, il ne pouvait pas dire autrement. Voilà qu'il était arrivé. Voilà la terre, les champs, l'orbe du ciel tel qu'il a toujours été et sera toujours. Couché, Mellé voyait un horizon d'herbes que le vent faisait vivre. Le ciel était là, tout proche après ces herbes qui se penchaient ensemble et se cabraient soudain au bord de ce précipice infini de lumière que Mellé ne pouvait pas imaginer sans vertige. Il se reculait un peu parmi les arbres pour s'amarrer."
Fernand Deligny, Adrien Lomme, in Œuvres, éditions de l'Arachnéen, p. 520-521
"Il y avait dans la manière de penser de cet homme, comme dans toutes ses apparences, un singulier mélange de vigoureuse maturité et de fraîcheur enfantine. Mais surtout, de même que je sentais, à côté de moi, ses jambes
nerveuses et infatigables, je ressentais sa pensée comme une force aussi
sensible que la chaleur, la lumière ou le vent. Cette force, c'était
une faculté exceptionnelle de voir les idées comme des faits extérieurs,
et d'établir des liens nouveaux entre des idées d'apparences tout à
fait disparates. Je l'entendais - je le voyais même, oserais-je dire, -
traiter de l'histoire humaine comme d'un problème de géométrie
descriptive, puis, la minute suivante, parler des propriétés des nombres
comme s'il se fût agi d'espèces zoologiques; la fusion et la scission
des cellules vivantes devenait un cas particulier de raisonnement
logique, et le langage prenait ses lois dans la mécanique céleste.
Je lui donnais péniblement la réplique, et bientôt j'étais pris de vertige. Il s'en apercevait et se mettait alors à me parler de sa vie passée."
René Daumal, Le Mont Analogue, L'Imaginaire Gallimard, p. 27-28.
"Arrivée dans la rue, j'ai vu Anna qui transportait des affaires d'une voiture jusque dans la maison. Elle emménageait alors que j'étais à peine partie. Elle ne devait pas s'inquiéter du qu'en dira-t-on. Elle m'a aperçue et je me suis dirigée vers elle. Je ne sais pas ce que je comptais lui dire - rien de très rationnel, c'est certain. Et, comme aujourd'hui, elle est partie en courant. A ce moment-là, je ne savais pas le pire, la grossesse ne se voyait pas encore. Dieu merci. Je crois que je serai morte sur place.
Tandis que j'attends le train sur le quai, je suis prise d'un vertige. Je vais m'asseoir sur un banc et j'essaie de me rassurer : ce n'est qu'une gueule de bois. Cinq jours sans boire puis une cuite, et voilà. Mais je sais que ce n'est pas uniquement ça. C'est Anna.Cette image d'elle, et ce que j'ai ressenti en la voyant s'éloigner comme ça. De la peur."
Paula Hawkins, La fille du train, Pocket, 2015, p. 311-312,
"Adrien a été enfermé dans la serre. On l'a enfermé, sa mère et la vieille. Il a dit à Véronique :
- Tu sais ouvrir ?
- Ouvrir... a dit Véronique et elle a levé son outil à trois griffes. Adrien a pris un pot de fleur et il l'a jeté, de toutes ses forces. Le bruit du carreau qui dégringolait l'a affolé. Il était enfermé et il avait cassé un immense carreau. Alors Adrien a jeté, jeté... A bout de souffle, il s'est aperçu qu'il était facile de passer entre deux arceaux de fer.
Des centaines de milliers de francs... a dit la générale. Elle sait que cette somme est pour Léone un vertige. Cette femme-là, elle la tient."
Fernand Deligny, Adrien Lomme, in Oeuvres, éditions de l'Arachnéen, p. 463.
"Adrien a pris un pinceau. Il regarde et écoute Véronique qui n'en finit pas de rattraper la salive qui lui coule des lèvres. Deux plaques de froid s'agrandissent dans son ventre et son dos. Il ne sent plus ses genoux. Pour voir le plafond, il faut renverser la tête en arrière. Ce grand vide au-dessus de ses épaules lui donne le vertige. La grosse fille reprend sa salive : "chlouppp... chlouppp..." A peine entré dans la château, Adrien s'est mis à avoir envie de pisser. Le cercle qu'il serrait dans son ventre est d'abord devenu de nombreuses petites aiguilles qui, maintenant, se mettent toutes en une seule pointe. Adrien est tenu sur sa chaise comme un insecte épinglé."
"A l'échelle humaine, une succession de quatre cent mille générations correspond à une durée de plus de dix millions d'années - une distance probablement plus grande que celle qui nous sépare des derniers ancêtres communs que nous partagions avec les chimpanzés et les bonobos. Ces différents battements du rythme du changement dans des espèces vivantes qui se côtoient sans cesse, ces différents battements du rythme d'émergence de la nouveauté exercent en permanence une pression sur l'adaptation, la survie, la mort et la reproduction des organismes. Et la nouveauté se propage quand elle permet par hasard à certains individus de recommencer à "courir de toute la vitesse de leurs jambes pour simplement demeurer là où ils sont."*
C'est-à-dire, simplement, d'échapper à leurs prédateurs et de s'emparer de leurs proies - de persister, de survivre et d'engendrer des descendants avant de mourir.
Et cette course vertigineuse de la Reine rouge retisse en permanence le réseau intriqué et changeant des relations entre les différentes espèces qui partagent et construisent un écosystème."
Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres, Darwin et le bouleversement du monde, Seuil, 2011, p. 289.
ill. John Tenniel
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*"Ici, [dit la reine rouge à Alice] il faut courir de toute la vitesse de ses jambes pour simplement demeurer là où l'on est."
Lewis Caroll, De l'autre côté du miroir
"Il y avait aussi sur ces quelques kilomètres de terre méditerranéenne un concentré de tous ceux qui voulaient compter, bien loin du cinéma. Ils venaient se montrer, de préférence en couple, n'ayant cure des films auxquels ils assistaient, tout entier concentrés sur le spectacle qu'ils donnaient d'eux-mêmes. On les repérait avant tout à leur regard d'acier glacé, plantés raides sous leur front lissé, et à cette étincelle de haine qu'on y voyait briller vis-à-vis des prolos derrière les barrières métalliques. Leurs sourires étirés démesurément vers les oreilles faisaient disparaître leurs lèvres et révélaient des dents impeccables, blancheur et alignement restaurés par les meilleurs praticiens du Trocadéro. Pour ne pas avoir l'air ridicule à côté des acteurs et des actrices, les uns et les autres, femmes et hommes, se tenaient droits, dos parfait, sommet du crâne soulevé par un filin invisible, les hommes comme portés par de nouveaux corsets, leurs costumes cintrés, étouffés par leurs efforts pour dissimuler leur relâchement abdominal - toute trace de graisse trahissant une propension vulgaire au laisser-aller, donc la possibilité de la chute. Les femmes, perchées sur des talons aiguisés comme des poignards, des chaussures devenues au fil des ans plus menaçantes, car leur hauteur vertigineuse donnait lieu, comme les gratte-ciel, à une course effrénée à celle qui porterait les plus hauts : 10, 15 puis 20 ou 25 cm les séparaient désormais du plancher des vaches et des femmes du commun. Ainsi harnachées, elles étaient prêtes à affronter la compétition terrible pour leur place dans le monde. Quant aux robes, elles signifiaient un message et un seul : nous avons tous les droits. "Nous avons assis la vulgarité sur nos genoux" et nous en faisons ce que nous voulons, nous sommes les seules juges et, si nous décidons, contre toute évidence, que ceci n'est pas vulgaire, vous vous inclinerez, vulgum pecus, foule, multitude, peuple !"
Aurélie Filipetti, Les Idéaux, Fayard, 2018, p. 294-295.
"Depuis l’échafaudage, on grimpe sur la charpente d'un petit saut. En ville, et tout particulièrement à Toulouse où les tuiles sont roses, mon premier réflexe est de monter au faîtage et de regarder autour de moi : la nappe des toits, tout alentour, à des hauteurs variables, inclinés selon des pentes comparables, plantés ou non de cheminées, forme une surface ondulante à peine interrompue par les sillons des rues. On ne contemple pas la ville du haut d'une tour d'ivoire, on a les pieds sur la canopée urbaine. Ce privilège, que j'ai acquis en bravant peu à peu le vertige, me procure une joie presque enfantine, celle que chantent et dansent les ramoneurs de Mary Poppins entre les cheminées. Et parfois, quand l'architecture le permet, je m'octroie une courte et prudente promenade de toit en toit."
Arthur Lochmann, La vie solide, La charpente comme éthique du faire, Payot, 2019, pp. 111-112.
"Le plus frappant est sans doute de constater que les règles de construction mises en oeuvre quelques siècles auparavant différent peu de celles que l'on applique aujourd'hui : les mêmes assemblages à tenons et mortaises verrouillés par des chevilles ; les mêmes techniques de marquage des pièces taillées pour les identifier facilement au moment du levage ; les mêmes principes de triangulation. Et il est proprement vertigineux de se dire que ces techniques, lorsqu'elles furent employées au XVIIIè, étaient déjà en cours de développement depuis plusieurs siècles."
Claude-Henri Rocquet : Nous parlons des cruautés profondes de l'homme et des religions traditionnelles. Mais celle des mouvements historiques modernes qui sont autant de triomphes de la mort ? Comment l'historien des religions que vous êtes regarde-t-il les mythes terribles de l'humanité moderne ?
Mircéa Eliade : L'historien des religions est confronté à ce phénomène terrible de la désacralisation d'un rite, ou d'un mystère, ou d'un mythe où le meurtre avait un sens religieux. C'est une régression à une étape dépassée depuis des milliers d'années, mais cette "régression" ne retrouve même plus la signification spirituelle antérieure : il n'y a plus de valeurs transcendantes. L'horreur est multipliée et le meurtre collectif est de surcroît "inutile", puisqu'il n'a plus de sens. C'est pourquoi cet enfer est véritablement l'enfer : la cruauté pure, absurde. Quand les mythes ou rites sanglants ou démoniaques sont désacralisés, leur signification démoniaque est augmentée de façon vertigineuse, et il n'y a plus que pur démonisme, cruauté et crime absolu."
Mircea Eliade, L'épreuve du labyrinthe, Belfond, 1978 et 1985
"On peut ainsi, chez Homo, dénombrer des effets de
champ perceptivo-moteurs excités tactiles, olfactifs, gustatifs,
auditifs, visuels. Le toucher en propose l'expérience première dans la
caresse du nourrisson ou de l'amant, quand les mains planes en se
déplaçant multiplient, parmi le corps d'autrui et le corps propre, des
inflexions entre attracteurs tactiles de surface et de profondeur, au
point que fusionnent presque le percevant et le perçu, le mouvant et le
mû, le soi et l'autre, à des fins consolatrices ou orgastiques. De même,
les odeurs et les goûts hominiens sont diversement fermés, ouverts,
poreux, compacts, stabilisants, vertigineux. La nature mobile des
partiels (harmoniques) du son oblige l'ouïe à des ajustements perpétuels
entre des synodies sonores interstables. Le regard d'un buveur attablé
est obligé aux mêmes compatibilisations quand il est assailli ou baigné
par les interférences entre volumes, traits, teintes, luminances,
saturations, de son bistrot préféré. Dostoïevski attribuait à une
"inflexion" du cou de Grouchineka l'esclavage amoureux du père Karamazov
; était-ce même le cou qui s'infléchissait en ce cas, ou
l'étendue-durée, voire l'espace-temps qui se tendait fragilement à son
occasion ?"
Henri Van Lier, Anthropogénie, Les Impressions Nouvelles, 2010, p. 145.
On parle déjà sans doute de fantasme chaque fois que, dans la saisie
exotropique ou endotropique d'une
chose-performance-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon
<1B3>, les effets de champ qu'elle déclenche ou dont elle
participe en deviennent l'élément prépondérant. Plus brièvement : les
fantasmes sont alors des choses-performances avec leurs effets de
champ, dès que ceux-ci deviennent prévalents. En grec, "phantasma"
recouvrait apparition, spectre, rêve impérieux, vision, image en esprit
et sans consistance particularisante, prodige, phénomène céleste,
réminiscence, écho, etc. Tout cela auréolé de la constellation
sémantique formée par phantasia, phantadzein, phantasioûn, phaneros,
phanos (adjectif et substantif, radieux et lumière vacillante de
flambeau), etc. Il est de la nature du champ fantasmatique qu'on hésite
sur son nombre : les fantasmes, au vrai pluriel, ou le fantasme, au
collectif singulier.
Le cas le plus fréquent de pareils fantasmes est celui où le champ
accompagnateur est perceptivo-moteur et excité, créant cette irradiation
(visuelle, auditive, tactile, kinesthésique, olfactive, gustative)
moyenne qui chez la plupart accompagne souplement les opérations de la
vie quotidienne. Mais ce champ-là peut être aussi logico-sémiotique, ou
encore perceptivo-moteur moins excité que dynamique, cinétique,
statique. Le trait commun à tous les cas est un certain vertige, où le
perçu et le percevant, l'imaginé et l'imaginant, le logifié et le
logifiant non seulement ne se distinguent plus guère, mais sont dans un
état de fusion, qu'il faut définir moins par une confusion que par un
accroissement de potentiel (de pente, au sens thermodynamique). En un
attachement tendre ou une fascination violente. En un certain rapt
brusque ou étendu, détendu.
On peut alors indiquer des occasions favorables à l'apparition et à
l'entretien de ces fantasmes. (a) Quand le rapport logico-sémiotique
entre des attracteurs influençant la chose-performance, désignons-les
par X-Y, hésite entre le senti, le perçu, l'imaginé, l'indice, l'index,
le concept, le voulu. (b) Quand, selon le vocabulaire de David Marr <Vision,
Freeman, 1982>, le rapport X-Y n'est encore saisi dans les circuits
nerveux qu'à "2,5 dimensions", c'est-à-dire "subject-centered", et pas
encore à "3 dimensions", c'est-à-dire "object-centered". (c) Quand X-Y,
en tant que faisceau d'attracteurs, est puissamment traversé par les
attractions d'autres attracteurs. (d) Quand les thématisations
techniques de X-Y sont auréolées par les thématisations distanciatrices
de signes qui les investissent, les dilatent, les font saillir, les
gonflent de prégnances. (e) Quand la thématisation sémiotique de X-Y est
déjà magiquement une présence incontrôlée. (f) Quand X-Y appartient à
plusieurs modes d'existence et catégories du possible. (g) Quand, dans
X-Y, le taux topologique de proche/lointain, ouvert/fermé,
englobant/englobé, compact/diffus importe davantage que la segmentarité
et la substituabilité. (h) Quand, dans X-Y, le vertige des sept
catastrophes élémentaires de la topologie différentielle menace
ostensiblement la stabilité structurelle, et en particulier les "bonnes
formes". (i) Quand l'appréhension de X-Y hésite entre activité et
passivité. (j) Quand la partition-conjonction sexuelle qui investit X-Y
rend aveugle à ses autres fonctionnements. Etc."
Henri Van Lier, Anthropogénie, Les Impressions Nouvelles, 2010, p. 157.
"Les étendues de temps qu'explore ici le jeune Darwin - quelques dizaines d'années - sont insignifiantes par rapport à celles qu'il va bientôt explorer par la pensée - des millions d'années... Mais il a commencé. Il suffit désormais, selon le même principe, mais de manière vertigineuse, et sans plus pouvoir faire appel à la mémoire humaine, de continuer à augmenter par la pensée, les profondeurs de temps dans lesquelles il va se plonger."
Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres, Darwin et le bouleversement du monde, Seuil, 2011, p. 31.
"Dans ce XVIIe siècle post-copernicien qui voit rapidement naître le télescope et le microscope, Pascal explique à ses contemporains qu'ils vivent, en somme, le cul entre deux infinis. Un mot résume leur situation : "disproportion". Disproportion dans les trois ordres qui balisent la relation entre l'homme et le réel : l'ordre des corps : celui des passions humaine et des royaumes, des étoiles et des animalcules ; l'ordre de l'esprit : celui de l'esprit géométrique et des chercheurs de connaissance ; l'ordre de la charité : celui du cœur et de la foi. Trois abîmes incommensurables et vertigineux, qui cachent d'autres abîmes dans une régression à l'infini qui garantit à l'homme qu'il ne saura jamais ce qu'il est. Excepté, écrit Pascal, que "la grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable." "
Sven Ortoli, Tous à bord, éditorial du Hors-série n° 42 de Philosophie magazine, Blaise Pascal, L'homme face à l'infini.
Portrait de Blaise Pascal par Philippe de Champaigne (1602-1674)