"A l'échelle humaine, une succession de quatre cent mille générations correspond à une durée de plus de dix millions d'années - une distance probablement plus grande que celle qui nous sépare des derniers ancêtres communs que nous partagions avec les chimpanzés et les bonobos. Ces différents battements du rythme du changement dans des espèces vivantes qui se côtoient sans cesse, ces différents battements du rythme d'émergence de la nouveauté exercent en permanence une pression sur l'adaptation, la survie, la mort et la reproduction des organismes. Et la nouveauté se propage quand elle permet par hasard à certains individus de recommencer à "courir de toute la vitesse de leurs jambes pour simplement demeurer là où ils sont."*
C'est-à-dire, simplement, d'échapper à leurs prédateurs et de s'emparer de leurs proies - de persister, de survivre et d'engendrer des descendants avant de mourir.
Et cette course vertigineuse de la Reine rouge retisse en permanence le réseau intriqué et changeant des relations entre les différentes espèces qui partagent et construisent un écosystème."
Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres, Darwin et le bouleversement du monde, Seuil, 2011, p. 289.
ill. John Tenniel |
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*"Ici, [dit la reine rouge à Alice] il faut courir de toute la vitesse de ses jambes pour simplement demeurer là où l'on est."
Lewis Caroll, De l'autre côté du miroir
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