"Il y avait plus de dix ans que Mellé n'avait plus passé une nuit sous la tente. Jeune, à chaque aube des nuits passées au bord d'un bois, il se retrouvait arrivé. Arrivé, il ne pouvait pas dire autrement. Voilà qu'il était arrivé. Voilà la terre, les champs, l'orbe du ciel tel qu'il a toujours été et sera toujours. Couché, Mellé voyait un horizon d'herbes que le vent faisait vivre. Le ciel était là, tout proche après ces herbes qui se penchaient ensemble et se cabraient soudain au bord de ce précipice infini de lumière que Mellé ne pouvait pas imaginer sans vertige. Il se reculait un peu parmi les arbres pour s'amarrer."
Fernand Deligny, Adrien Lomme, in Œuvres, éditions de l'Arachnéen, p. 520-521
Fernand Deligny, 1959 |
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