"Nous ne sommes jamais seuls à inventer notre chemin. Une femme et un homme nous ont fait naître, et d'autres, avant, les ont fait naître. Des visages se penchent sur nous dans notre enfance. Nous recherchons la présence des autres, la chaleur de l'amitié, le vertige et la tendresse de l'amour. Les langues que nous parlons, les villes et les villages que nous habitons, l'écriture, ce que nous savons de la vie et du monde, de la musique, du théâtre, et de la beauté, nos croyances, nos rites, et jusqu'à la manière dont nous nous séparons des morts, tout - presque tout - de ce que nous pensons nôtre, faisons nôtre en nous l'appropriant, nous est transmis, légué, à travers l'espace et le temps. Nous sommes faits de la mémoire des autres. Proches ou lointains, présents ou absents, vivants ou morts. Et nous transformons cette mémoire. Nous la réinventons."
Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres, Darwin et le bouleversement du monde, Fayard/Seuil, 2011, p. 487.
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