... silence et me voici, moi qui voulais crier
toute la lourde douleur condensée minuscule
dans le seul petit globe dur d'un univers,
moi qui voulais montrer mon sang, comme il coulait
quand mes ongles raclaient le dedans de mes côtes,
moi qui cherchais des mots triomphaux pour chanter
comme sifflait la hache dans les os de ma main
quand je m'amputais de moi-même,
me voici la parole coupée, et me voici minuscule,
perdu dans le vertige absolu de ton sein,
me voici la voix blanche, me voici ridicule :
tout cela n'était rien.
[...]
René Daumal, A la néante, in in Les Poètes du Grand Jeu, Poésie/Gallimard, 2003, p. 261-262.
René Daumal, par Joseph Sima (1929) |
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