jeudi 6 août 2020

Quel crâne, mes aïeux

[1960]

"Mon cher Michel,
[...] Je t'enverrai le Baudelaire cette semaine. J'aimerais relire. Je viens de me taper le dernier Merleau-Ponty. C'est un excellent lecteur, comme tous ceux qui n'ont besoin que de langage des autres pour être intelligents.
Dis si Agnès a retrouvé sa langue. Moi, je serais plutôt en passe de la perdre. Ici, on parle beaucoup pour ne rien dire. Ça donne le vertige. Au bout d'un quart d'heure, tu as des fourmis dans le crâne, il faut vite rentrer derrière son paravent. Face au mur, légèrement humide. [...]

[1961]

"Mon cher Michel,
merci, bien reçu ton petit paquet joliment ficelé. Je le lis doucement, je me demande comment tu t'organises pour fouiller tous les coins avec la même surprenante acuité. Quel crâne, mes aïeux. J'ai même déniché, en fouillant dans une boutique de Quimper, un texte de toi sur Philadelphie dans les Lettres nouvelles. Tous ces voyages "spatiaux" me donnent un peu le vertige. J'espère que tu prends un peu l'air tout de même. Que ne suis-je encore à Meudon ? [...]

Michel Butor/Georges Perros, Correspondance 1955-1978, Joseph K., 1996, p. 63/68.




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