"Tête en bas sur une balançoire, je regarde les nuages filer dans le ciel et changer de forme. Tous les enfants aiment cette sensation de vertige, que 'on peut également éprouver en perdant son regard dans l'immensité du ciel bleu.
Je préfère le vertige des nuages à celui de l'azur.
L'immensité de la voûte céleste me semble écrasante. Les nuages, eux, obéissent à ma volonté : leurs formes malléables se transforment à ma guise."
Corinne Atlan, Petit éloge des brumes, Folio 2019, p. 15.
"Le promeneur éminemment romantique qui fait halte sur un promontoire rocheux, dans Der Wanderer, über dem Nebelmeer*, est-il le spectateur effaré, impuissant ou vainqueur de cet océan de brumes et de nuages s'effilochant vers un infini vertigineux ? Son dos tourné ne le dit pas. Mais sa silhouette, devant ce paysage mental vaporeux, est plus dense et noire encore que la roche sur laquelle il se tient : le mouvement qui le porte vers la nature est clairement centrifuge. Il est un être unique et séparé du monde, un bloc d'un seul tenant, un "moi" inaltérable - à l'image du Dieu créateur."
Corinne Atlan, Petit éloge des brumes, Folio 2019, p. 32-33.
* Si je préfère le titre original allemand de ce tableau, c'est parce que le mot Wanderer résonne d'errance plus encore que de voyage, et que Nebel ne se limite pas aux nuages, mais inclut les nébulosités tant du ciel que de la terre.
Caspar David Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818.
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