mardi 18 février 2020

A croire que le passé ne finit pas

"Le voyage s'achève à une station qui n'était pour moi qu'un nom : Pont du Garigliano. Il me faut descendre, et me frayer un chemin le long des boulevards extérieurs. Je m'engage sur le pont en question, et je découvre qu'il surplombe la Seine à une hauteur vertigineuse. Pris de panique, je me colle à un centimètre du trottoir, au risque d'être fauché par une voiture - mais rien ne me terrifie tant, soudain, que ce grand vide à ma droite où je redoute de me jeter. J'avance avec des précautions d'antique Japonaise, fuyant les regards, et cherchant à mesurer la distance qui me sépare du bout de la route."

Noël Herpe, Souvenirs/Ecran, Voyages en France 2017-2018, Bartillat, 2019, p. 20.

"A la gare de Grigny, il faut gravir de grands escaliers mécaniques, surplombant des photos démesurés des coins bucoliques de la ville. Derrière moi, le vertige guette."

Id. p. 40.
 
"La dame qui me loge (une ancienne prof de français) n'a pas grand chose à dire sur La Vérité. Cela lui a fait plaisir de revoir ce film. Je rentre dans ma soupente sans regarder par la fenêtre car j'ai peur de céder au vertige."

Id. p. 134.

"Ma cousine Agnès ? Elle vient de perdre son mari. La demi-soeur de Nini Royer ? Elle revient de temps en temps ici, mais elle se fait vieille. Jean-Noël raconte qu'il a croisé Jean Arnaud, l'autre jour. "Quel âge me donnes-tu ?", qu'il me dit. J'ai tout juste quatre-vingts ans." Cela me donne un léger vertige. Jean Arnaud, qui fut le mari de ma tante morte en 1957, c'est une figure qui se perd dans la nuit des temps. Je cherche ainsi, à tâtons, à croire que le passé ne finit pas."

Id. p. 174-175.






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