"Le troisième régime - bien plus étranger encore à la posture modernisatrice - est celui de l'humilité, que l'étymologie définit par une proximité avec l'humus, qui rase le sol plutôt que les murs. Etre terrestre, c'est se méfier d'une certaine arrogance inhérente aux vues en surplomb fournies par les GPS, les avions, les gratte-ciel et les miradors. C'est raisonner à partir de ses attachements au sol (bien davantage qu'aux racines), en envisageant l'horizontalité des possibles avant de se projeter dans les rêves de décollage, ou de s'abîmer dans les vertiges d'effondrement."
Yves Citton, Jacopo Rasmi, Générations collapsonautes, Naviguer par temps d'effondrement, Seuil, 2020, p. 75.
Sur cet essai, on pourra lire la chronique de Ulysse Baratin sur le site En attendant Nadeau. Dans l'une des citations du livre, on trouvera même un vertige qui m'avait échappé :
"Sur tous ces sujets, Générations colapsonautes réalise
essentiellement un travail de synthèse. En revanche, on ne s’étonne pas
que ce champ d’études intéresse des spécialistes de la fiction tels
qu’Yves Citton et Jacopo Rasmi. Car la collapsologie est, par
construction, une grande productrice de récits : « Au-delà
de l’imaginaire apocalyptique, à dominante survivaliste et à fort
impact traumatique – qui risque de nous écraser de peurs et de vertiges,
davantage qu’il ne permet de rassembler et solidariser nos forces –
d’innombrables récits prédisent les façons dont nos vies se
réorganiseront, problématiquement, dans les ruines du capitalisme
consumériste. »"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire