"Par ailleurs, il y a les mocassins et toute la gent reptilienne, qui imposent le port de bottes si l'on veut se promener dans les champs. Comment dois-je les compter et évaluer leurs revendications ? Il y a des tortues qui mangent les fraises dans le jardin, et les rainettes, qui possèdent la mare. Et que dire des droits du raton laveur, de la moufette et du cerf ? Et le lynx, dont la tanière se trouve dans la falaise près de la rivière et qui considère mon domaine comme une minuscule parcelle du sien ?
Je suis prise de vertige à l'idée de recenser tous ceux qui habitent ici ; tous autant qu'ils sont semblent avoir revendiqué sur ce domaine certains droits aussi valables que les miens et peut-être même davantage."
Sue Hubbell, Une année à la campagne, Folio/Gallimard,1988, p. 28-29.
" Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qui avait bien pu les inciter à abandonner leur bout de rayon, la seule source de bonheur qu'elles avaient réussi à créer à l'intérieur de la miellerie ? Pourquoi quelques-unes étaient-elles restées ? Pourquoi s'étaient-elles éloignées de la lumière ? Comment avaient-elles su qu'il y avait une voie de sortie dans l'obscurité ? Pourquoi marchaient-elles à la queue leu leu ? Quel signal les avait fait réagir toutes ensemble ?
Je ne connais pas les réponses à ces questions, mais je suppose que leur contact permanent avec les abeilles massées à l'extérieur derrière le treillis est à l'origine de leur comportement, ce qui implique une telle complexité de renseignements transmis et analysés que j'en ai le vertige. Un entomologiste interrogé à ce sujet n'a pu me donner aucune réponse."
Sue Hubbell, id. p. 110.
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