jeudi 3 octobre 2019

Pourquoi la matraque est-elle si mal vue ?

"Avec une pie, il y a moyen de s'entendre et, somme toute, de la combler à bon compte. Mais avec un enfant qui hurle et se renverse la tête tout à fait comme cet oiseau le fait, imaginez les lunes que nous décrochons de la panoplie pour satisfaire non pas cette quémande vertigineuse, mais notre propre besoin d'y pouvoir quelque chose à ce fait effrayant que nous n'y pouvons rien puisqu'il est flagrant qu'il n'y peut rien celui-là qui s'égosille et se tape la tête à tous les murs de la création, pans verticaux qui immeublent notre espace
Pour le délivrer du malaise qui le hante, il arrive qu'ON le comble de ces gouttes bénies au nom de la science en usage, et l'enfant s'endort, assommé. Mais pourquoi la matraque est-elle si mal vue, puisque son effet est le même ? C'est le geste qui est en cause. Si on y va de la matraque, ça se juge, ça se méjuge. Mais si on y va du petit produit enfourné par un bout ou par l'autre, des gouttes ou du petit cachet enfourné dans l'engouloir tendu de muqueuse rouge comme il en est des cathédrales les jours de sacre, ça se conçoit : alors ON soulage, ON soigne, ON détend."

Fernand Deligny, Oeuvres, L'Arachnéen, 2017, p. 765-766.


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