lundi 13 janvier 2020

Entre les tournesols et la Grande Ourse

"Pendant la canicule de l'été 2003, Pachet est à la campagne chez des amis. Les convives passent la nuit à boire, sous la Grande Ourse. Vers trois heures du matin, l'hôtesse éméchée se souvient qu'elle a vu dans un champ quelques tournesols que la chaleur du jour avait épargnés, elle les veut. On part dans la nuit avec un sécateur, on trouve les tournesols. Elle les coupe un par un et les tend à Pachet, le bouquet se compose entre ses mains : "Au-dessus de nous, la nuit d'août scintille vertigineusement. Un peu saoul de fatigue, de chaleur et d'alcool, j'ai l'impression que la scène comporte une signification qui m'échappe. Qu'il faudrait que je m'en souvienne, ou au moins que ma conscience continue à se tenir là, sur ce bout de route quelque part en Puisaye, entre Saint-Fargeau dans l'Yonne et Entrains-sur-Nohain dans la Nièvre." Son coeur se serre sans qu'il sache pourquoi. Le sens est là, entre les tournesols et la Grande Ourse, dans ce petit bouquet entre les grands noms des bourgades. Le sens est là, mais qu'est-ce qu'il peut bien vouloir dire ?"

Pierre Michon, Tôkaidô, préface de Loin de Paris, chroniques 2001-2005, Pierre Pachet, Denoël, 2006, p.16-17.



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