dimanche 5 janvier 2020

L'air et le vide

"Le film s’écrit beaucoup à travers des éléments immatériels : l’air et le vide. L’air et l’atmosphère sont souvent rendus visibles par la brume ou les nuages. Or dans les arts asiatiques, du bouddhisme zen au taoïsme, le Vide n’est pas l’équivalent du Néant mais bien d’un espace dynamique où s’accomplissent les transitions, ou se lient tous les contraires. Et c’est bien dans l’atmosphère extra-terrestre composée d’une épaisse brume que Louise comprend que passé et avenir peuvent interagir. Aussi, quand Louise pénètre le vaisseau ovoïde pour la première fois, son regard s’attarde sur l’ascenseur de transport qui s’éloigne car le vide qui les sépare est vertigineux et marque la distance qui la sépare du réel. Le plan suivant montre l’effet de l’apesanteur sur l’équipe scientifique et désoriente le spectateur, lui faisant perdre ses repères spatiaux terrestres et incarnant le Vide intelligible et agissant. Bien plus tard, lorsque Louise téléphone au Général Chang via une ligne sécurisée, on nous immerge dans une pièce cubique blanche. L’espace semble désaffecté et hors du temps, comme fait de géométrie pure. Ce vide permet à Louise d’interagir avec le futur et ainsi de mettre en pratique l’enseignement d’Abott. On pourrait également citer les multiples vitres, voiles ou bokeh qui s’intercalent entre les décors et signent les espaces seuils."

Anaïs Tilly, Premier contact, in Courte-Focale.fr, 5 février 2018.

 

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