"Le film s’écrit beaucoup à travers des éléments immatériels : l’air et le vide.
L’air et l’atmosphère sont souvent rendus visibles par la brume ou les
nuages. Or dans les arts asiatiques, du bouddhisme zen au taoïsme, le
Vide n’est pas l’équivalent du Néant mais bien d’un espace dynamique où
s’accomplissent les transitions, ou se lient tous les contraires. Et
c’est bien dans l’atmosphère extra-terrestre composée d’une épaisse
brume que Louise comprend que passé et avenir peuvent interagir. Aussi,
quand Louise pénètre le vaisseau ovoïde pour la première fois, son
regard s’attarde sur l’ascenseur de transport qui s’éloigne car le vide
qui les sépare est vertigineux et marque la distance qui la sépare du
réel. Le plan suivant montre l’effet de l’apesanteur sur l’équipe
scientifique et désoriente le spectateur, lui faisant perdre ses repères
spatiaux terrestres et incarnant le Vide intelligible et agissant. Bien
plus tard, lorsque Louise téléphone au Général Chang via une ligne
sécurisée, on nous immerge dans une pièce cubique blanche. L’espace
semble désaffecté et hors du temps, comme fait de géométrie pure. Ce
vide permet à Louise d’interagir avec le futur et ainsi de mettre en
pratique l’enseignement d’Abott. On pourrait également citer les
multiples vitres, voiles ou bokeh qui s’intercalent entre les décors et
signent les espaces seuils."
Anaïs Tilly, Premier contact, in Courte-Focale.fr, 5 février 2018.
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