mardi 7 janvier 2020

Le couteau du boucher

"Ruy Blas, un valet comme moi, grand d'Espagne, m'a toujours fait rêver ! Cette fiction est le résumé de bien des ambitions immenses d'êtres infimes, qui se sentiraient à l'aise où les plus grands ont le vertige.
Quel épouvantable rêve me sollicite, sortant comme un spectre de l'inconnu où parfois le meurtre se change en suicide.
[...]

Cordes noires de la vie des malheureux !
Je dois donc arriver un jour ou l'autre à être un criminel, car je ne suis pas organisé pour devenir fou. - Mon cerveau fonctionne avec calme et régularité, ce doit être le sens moral qui se détraque.

Il ferme le livre.
Est-ce le vertige qui vient ?

Il cherche dans son porte-monnaie : De quoi acheter un couteau bien affilé, un couteau de boucher qui entre jusqu'au cœur..."

Louise Michel, Le couteau du boucher, L'enragé (vers 1890), in Claude Rétat, Art vaincra ! Louise Michel, L'artiste en révolution et le dégoût du politique, Bleu autour, 2019, p. 184/186.


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