"Dans mon souvenir, les quatre ou cinq jours suivants semblent appartenir plus au rêve qu'à la réalité. Il y avait une douleur constante et sourde, noyée par de généreuses doses d'alcool, qui contribuèrent à maintenir ma sensation générale d'irréalité et de vertige. Je n'étais pas complètement ivre, mais je vécus pendant une semaine dans un monde flou, dans une sorte de brume mentale qui amortissait les chocs de tout ce qui arrivait extérieurement et intérieurement. De temps en temps un événement, comme l'entrée des troupes allemandes à Bayonne, balayait le voile de brouillard avec l'éclair net et éblouissant de la réalité ; puis, après deux verres de Pernod, le brouillard redescendait et je marchais à travers comme dans un décor miséricordieusement irréel."
Arthur Koestler, La lie de la terre, Le Livre de Poche, 1971, p. 89.
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