L'espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s'apaiser.
Stéphane Mallarmé, Autre éventail de Mademoiselle Mallarmé, vers 1884 (cité par Henri Van Lier, Les Arts de l'espace)
Stéphane Mallarmé, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, Paris, NRF, 1914En cherchant une illustration pour ces vers de Mallarmé, je tombe sur Surface et profondeur : les savoirs de la page, un article de Anne Zali paru dans la revue Communication et langages. C'est peu dire que le vertige y est aussi à l'honneur :"Ce qui saisit de vertige le lecteur sur le seuil de ces pages c’est l’immensité du blanc, tout d’abord cette absence, cette clameur de l’Impossible qui s’en dégage, c’est l’absolue solitude dans laquelle se détachent les vers brisés en éclats irréguliers.""Dans le blanc veillent les réserves de patience et de liberté contenues virtuellement dans la page. Au blanc s’attachent des valeurs d’ouverture, d’étonnement mais peut-être aussi à l’inverse de fermeture et de refoulement. Le blanc, n’est-ce pas aussi l’empire de la rature dont les mots seraient perdus, le palimpseste dont la trace serait recouverte, ou encore l’espace de l’Innommé, de ce qui échappe provisoirement, ou non, au langage, de ce qui pose la question de la transmission ? Toute la poétique sonore et visuelle de Mallarmé s’en fait le vertigineux écho, donnant au poème l’allure d’un navire qui prend de la gîte.""Sans doute la révolution numérique nous offre-t-elle une lumineuse occasion de redécouvrir et d’« inventer » la page et ses virtualités vertigineuses, du dedans d’une histoire pleine de boucles et de surprises qui aurait renoncé aux pièges d’une linéarité fabriquée, afin d’y entrevoir l’effort continu d’une pensée incarnée pour connaître et se détacher de l’Indistinct en prenant le risque de s’émietter dans le fragment et reployer ensuite le Multiple foisonnant dans l’unité du livre."Enfin, que voyons-nous en terme de citation liminaire ? Henri Van Lier lui-même, en ce même livre d'où j'ai extrait les quatre vers de Mallarmé, Les arts de l'espace.
Dans cet article, je note un très beau commentaire d'une page enluminée des Heures de Marguerite d'Orléans (une ville qui m'occupe beaucoup en ce moment...). Je me permets de le redonner ici en totalité :
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