" Et cette tentative surprend par sa robustesse tranquille et fait mirage : j'entends bien les échos d'une méprise si considérable qu'il me faudrait en répondre de la démarche réelle de ce réseau et préciser, dans la mesure du possible, ce qu'il en est de cette "dérive" de nos manières d'être advenue de par le fait de la présence-là d'enfants mutiques dont on pourrait dire que "rien (ne) les regarde".
Ce vertige qui leur advient alors, il nous a semblé qu'il se peuplait de ce que j'ai nommé des repères qui apparaissent, se précisent, dans la vacance infinie de tout ce qui est de l'ordre du langage, du conscient et de l'inconscient. Il s'agit "d'autre chose", d'une "chose" autre qui vient par ricochet, un peu à la manière dont la lumière ricoche sur la surface de l'eau, et s'installe pour un moment, sous l'arche d'un pont, un petit "radeau" vivace, en effet.
L'arche, pour nous, c'est ce que nous appelons le coutumier d'un lieu, et, sur les cartes que nous traçons sans relâche depuis des années, s'esquisse la trace de nos usages harcelée par les trajets et manières d'être manifestées d'un enfant tracés en "ligne d'erre". "
Fernand Deligny, Nous et l'innocent, Maspero, 1975, in Œuvres, p. 692-693
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