"Les branches de l'étoile ne sont plus reliées à rien. La petite forteresse est un musée, les remparts ont l'inutilité fossile d'un squelette ou d'une ruine. La ville, qui compte moins de trois mille habitants, est devenue un maillon d'une autre chaîne, un point sur le circuit touristique qui relie Prague au reste de la Bohême. Comme on visite Auschwitz après les merveilles de Cracovie, on atterrit à Terezín au sortir du pont Charles, à peine remis de descente vertigineuse au château, de la vue sur les vignes et les rues de Malá Strana. On la dirait sèche, la ville. Essorée de son histoire. Multipliant les masques et les visages jusqu'à ce qu'on ne voie plus rien, plus grand-chose, du ciel, des toits, comme un air de maquette, de carte mal dépliée."
Hélène Gaudy, Une île, une forteresse, Sur Terezín, Actes Sud Babel, 2015, p. 10
"La Vltava est large comme une mer. Le ciel, d'un pâle bleu nocturne, éclairé de l'intérieur comme le fond phosphorescent d'une piscine. Vertige quand on lève la tête vers les façades noircies et les feuillages, dans l'air tiède des rives, colorés par des spots vert fluorescent, rouge sang, le long des péniches immobiles. Le bruit des voitures sur les pavés comme celui des pierres roulées au bas des falaises et hormis ces chocs réguliers, presque aucun grondement de moteur. La ville n'est sonre que des bruits de la foule."
Hélène Gaudy, op. cit. p. 39.
La forteresse de Terezín (Theresienstadt) en 1790 |
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