"D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours voulu être écrivain. Et le fait de ne pas avoir dû renoncer à ma vocation originale - à mon premier atome privé et indivisible - a largement compensé l'absence involontaire d'un dieu à prier et les ouragans successifs d'une éducation agnostique : quand les désirs formulés dans l'enfance deviennent réalité, on ne peur que se sentir éternellement redevable. Cette dette n'exige pas d'être acquittée, mais qu'on la laisse grandir et s'alimenter du vertige et de l'appétit d'un trou blanc.
J'écris depuis le coeur de ce trou. Je ne veux pas en sortir. Ce n'est pas nécessaire."
Rodrigo Fresán, La Vitesse des choses, Passage du Nord-Ouest, 2009, p. 615-616.
" J'écris ces lignes depuis la Latitude des écrivains en attendant d'être jeté par-dessus bord. Jadis, cette planète vertigineuse s'est débarrassée de nous comme d'une cargaison lourde et inutile. Après tout, nous sommes de beaux monstres.
Je saute.
Je saute avant qu'on me jette à l'eau."
Id., p. 621.
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