mercredi 10 juin 2020

La parole qui me porte

                                                  Le Vertige
                                                  Est mon point de repère

Paul Valet, Pierres d'aigle in La parole qui me porte et autre poèmes, Poésie/Gallimard, 2020, p. 119.

"S'il s'en prend aux ravages des hommes, Valet ne désenchante pas pour autant la langue. Certes son aridité, certes son exigence, certes ses élans lacunaires dévastent le poème - Chaque raison d'être / Se lézarde -, mais le poète préserve l'alchimie du chant. Comme une fidélité acérée à l'éternel tocsin des mots : Ne secouez pas le sort / Quand son âme est ailleurs. Il y a ce respect du Verbe, et des Vertiges, accordés à la pensée valetienne, ce souci de l'éloquence abrupte, cette promesses aux absents faite sur l'honneur - de La parole qui me porte jusqu'à ce distique de Table rase, dont on ne sait s'il est de dix ou onze pieds :

            Je vous donne ma parole
            Imprenable

[...] Parce que lié à la psychiatrie, parce que ermite, parce que pris de vertiges, parce que refusant d'être trépané, parce que silencieux, parce que rétif, parce que paralysé par la maladie de Charcot, on l'a cru fou et l'on s'est empressé d'en faire un nouvel Artaud. Mais Valet n'avait pas le goût des "voisins de palier" que l'on vous invente pour avoir la paix."

Sophie Nauleau (préface)


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