"À dos de dieu, de Marcel
Moreau, fait partie de ces livres plus que radioactifs. Il est un de ces
livres terriblement radieux et sombres, brûlant toujours, et dont
aucune « demi-vie » des atomes ne pourrait rendre compte – parce qu’un
tel livre en appelle à la vie infernalement pleine, entière, énorme et
indivisible – vie et mort embrassées.
Ce livre a été édité une première fois
en 1980, une lune d’asticots (éditions Luneau Ascot) brillant sur
« l’ordure lyrique » de ce texte vibratoire énoncé depuis une langue
pleine de vertiges, une langue syncopée, assourdissante, menée tambour
battant sur presque cent pages."
"On suit clairement la mise en place d’un monde vécu, ruminé, remué
enfant par la musique, non pas par ce qu’elle enseigne, solfège et
beauté harmonieuse, mais par ce qu’elle remue, désordonne par le biais
même de ce qui pourtant est l’ordre : le rythme. « Beffroi est fou, mais
Beffroi est un rythme, une machine à produire le vertige. » C’est la
phase essentielle de la formation sensuelle de Beffroi enfant :
« Bientôt la percussion. Beffroi halluciné. Avec ses cheveux qui
balaient le banc, sa tête qui plonge ou qui vire, ses lèvres qui
saignent, ses yeux qui sont blancs, énormes, ses dents moussues et son
cri ahon ahon ahon ! Cri d’abord puis chant, chant rauque qui semble
s’élever d’une plaie, d’une tumeur horrible au fond de la gorge.
Batterie qui est un fauve, une brute, une canaille sonore. Et les morts
qui sont secoués. Et les morts se redressent, miraculés de ‘drums’. Mon
ouïe battue par pluie de coups de poing, de coups de gong d’or. Chaque
élève gagné par le rythme, par le message violent et obscène d’une
batterie nue. Dans les entrailles de chacun un sorcier descend. »
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