"Je m'explique, j'essaie de m'expliquer : pour le moment je navigue sur un bateau au pavillon imprécis qui porte un nom presque honteux tant il est évident. Le S.S. Neptuno. [...] Tout ce qui m'intéresse est d'établir en guise de préambule - comme le savent bien ceux qui un jour ont préféré l'eau à l'air - qu'on n'est jamais plus loin de tout ni plus décalé que lorsqu'on vogue sur l'océan. Méfiez-vous, s'il vous plaît, de discours vertigineux des astronautes en orbite. Quelqu'un a affirmé à juste titre que l'homme n'est qu'une invention de l'eau afin de pouvoir se déplacer d'un point à un autre. Nous sommes constitués d'eau et non d'air. Voilà pourquoi lorsqu'on se risque à ne faire qu'un avec les vagues, on ne peut dissimuler sa sensation d'égarement ni, en même temps, son impression d'avoir regagné le foyer ancestral après être resté si longtemps loin de chez soi."
Rodrigo Fresán, La Vitesse des choses, Passage du Nord-Ouest, 2008, p. 28.
En cherchant une illustration pour cet article, je tombe sur un article d'Isabelle Rüf sur un autre roman de Fresán, dans le quotidien helvétique Le Temps :
A l'intérieur duquel on peut lire :
"Carnet de notes
Une partie entière, la plus romanesque, est consacrée à Fitzgerald, à sa femme Zelda et à un couple de mécènes, les Murphy. C’est un chapitre composé en «biji», une forme littéraire chinoise qui signifie à peu près «carnet de notes» et peut contenir des anecdotes, des citations, des pensées, et tout ce que l’auteur a envie de consigner. Pour Fresán, les carnets de Fitzgerald en sont la meilleure illustration. Les bijis sont aussi une assez bonne définition de la spirale narrative de «La Part inventée», où l’on trouve vraiment de tout, à profusion et jusqu’au vertige."
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