"Maintenant, W. On sait le point de départ, un feuilleton pour la Quinzaine littéraire,
où il reprend un thème pour lui principal dans son adolescence, la
construction d’une île toute basée sur les activités sportives. L’échec
de ce récit (ou plutôt : que ce récit ne puisse dire que son propre
échec) l’amène à une interrogation autobiographique, lui dont les
éléments autobiographiques à sa disposition sont si minimes. W, le livre
qui insèrera cette réflexion sur les éléments autobiographiques au
récit de l’île, ne se présente pas comme autobiographie réalisée, mais
presque une méthode de composition, le carnet d’accompagnement de la
démarche d’écriture qui mène à une possible autobiographie.
Ainsi, ce passage essentiel (et imprimé en gras dans le livre), où
Perec tente de noter, très à plat, les éléments d’information dont il
dispose concernant sa mère, et simplement que ce soit exhaustif. Le
texte fait un peu plus de trois pages.
Mais aussitôt (note 13, déterminante), un constat accablant pour lui, le prestidigitateur vertigineux des Alphabets : J’ai fait trois fautes d’orthographe dans la seule transcription de ce nom : Szulewicz au lieu de Schulevitz.
Perec accumule alors 26 notes, couvrant une dizaines de pages, chacune implantée dans les 4 pages initiales.
La révolution littérale de W – et notre consigne en découle, mais c’est le même principe d’écriture que Saint-Simon annotant le Journal de Dangeau puis les recouvrant du récit des Mémoires –, c’est de ne pas fusionner les deux textes, mais de les laisser dans leur étoilement. C’est un principe de réécriture, par expansion, mais qui ne se constitue pas comme réécriture, et nous laisse face au procédé lui-même."
François Bon, les nocturnes de la BU d’Angers, 07 | W, avec étoilement
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