mardi 28 avril 2020

Mes combats contre le Scorpion Rouge

"Je ne crois pas avoir le temps, l'espace ou le talent pour te communiquer le vertige de mes excursions nocturnes ou l'étrangeté d'une vie qui ne se comptait plus en secondes, mais en bulles et en vignettes aux histoires balourdes, sous un ciel flamboyant de Bangs ! Crashs ! et Kapows ! Mes combats contre le Scorpion Rouge ; ma tempétueuse affaire avec la petite Satanya ; le rire métallique de mon fidèle Tuk ; la colère téquilieuse des Vierges de Guanajuato ; la poursuite et la capture du Petit Prince, le tueur en série ; mon duel mortel contre le tout-puissant Whang-Tzu sous une pluie glacée ; la bataille contre les adorateurs du dieu Zimzum et de la déesse Quantum et, oh... l'euphorie de courir sur les toits, l'excitation qu'on ressent en vidant le chargeur d'une mitraillette tandis que la neige tombe dans la nuit grise, les sirènes des patrouilles de police, le bruit sourd qui chante la gloire du Mort avec une passion évangélique dans les journaux du soir..."

Rodrigo Fresán, La Vitesse des choses, Passage du Nord-Ouest, 2008, p. 163-164.


"Quelqu'un demande si nous voulons voir une dernière fois le défunt. Quelqu'un répond que oui et je  mets près d'une demi-minute à prendre conscience que c'est moi. Je m'avance jusqu'au bord de la fosse, on ouvre le cercueil, je regarde en bas et lutte contre la panique du vertige. Benjamín Federov me scrute du fond d'une falaise qui me paraît inaccessible."

Id.  p. 178.

"Assise au premier rang du théâtre, de la Maison de la culture, de la bibliothèque de l'école ou de n'importe quel autre endroit, la veuve de Federov me regarde fixement et m'adresse un de ces sourires qui peuvent vouloir dire tant de choses. Parfois, j'ai l'impression qu'elle me déteste, qu'elle sait tout et que ça l'amuse. Parfois, je crois qu'elle m'aime d'un amour vertigineux, pourri et impossible."

                                                                       Id. p . 187.




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