dimanche 5 avril 2020

Comme une plaie au milieu de la pente

Festival de vertiges alpins avec Antoine de Baecque dans sa Traversée des Alpes.

"Me voici bientôt sur les premiers contreforts de la crête des Gilles, empruntant un sentier vertigineux taillé au-dessus des à-pics." (p.151)

"Jusqu'à présent, et durant une heure de marche, c'est la partie la plus spectaculaire, en tous les cas la plus aérienne, de mon cheminement. Pourtant, je m'y sens en sécurité même si tous les guides mettent en garde le randonneur contre les dangers qui le guettent ici, notamment au début de l'été quand les névés de neige s'accrochent aux pentes. Alors il vaut mieux délaisser le chemin encombré de plaques glissantes pour passer sur l'arête sommitale, généralement déneigée, mais si vertigineuse." (p. 152)

"Transition entre nord et sud, je suis passé par le col de la vallée Etroite - quel beau nom, on dirait le titre d'un film d'Anthony Mann ou de John Ford - de la Savoie aux Hautes-Alpes. Mélèzes, pins Cembro, l'Italie toute proche, les ravinements vertigineux à la place des larges effets de l'érosion glaciaire, on perçoit l'influence méridionale." (p. 273)

"Sous ce replat apaisant où repose Joseph Giavelli, le "berger des Thures", dont les cendres ont été dispersées au milieu des moutons qu'il garda ici pendant vingt-cinq ans, le ravinement est intense, spectaculaire, vertige d'éboulis torturés d'où émergent quelques pitons rocheux, demoiselles ruinées, mais vaillantes, résistant à l'apocalypse." (p. 274)

" Je quitte la Clarée à Plampinet, dont la chapelle du XVIe siècle possède des fresques insoupçonnées. Le nom charmant et le hameau souriant ne laissent pas présager de la rudesse du chemin qui suit : une route forestière abrupte et lancinante montant en lacets serrés le long de ravins vertigineux et coupant la montagne en deux, comme une plaie au milieu de la pente." (p .277)


Traversée de la mer de Glace, à proximité de Chamonix, au tout début du XXe siècle.
© Anonyme/Zentral Bibliothek Zürich



"Outre les fortifications de la vieille cité, où l'on entre par l'imposante porte de Pignerol, Vauban a fait édifier au début du XVIIIe siècle, à la suite de deux tournées en 1692 puis 1700, tout un système de forts alentour qui contrôlent la route de Montgenèvre. Il y a les Salettes et le Dauphin, au plus proche du col ; les Têtes, fort à lui seul aussi grand que la vieille ville ; le Randouillet, qui surplombe et protège tout en interdisant à l'ennemi la route des crêtes ; l'Anjou et la redoute du Point du Jour, encore plus hauts, quasi vertigineux ; et le centre de communication en Y au coeur du système, autant de points que l'on peut joindre par un réseau de chemins extrêmement judicieux, dont l'audacieux pont d'Asfeld jeté sur le vide." (p. 304)

"Je retrouve la route et le goudron - assez étrange sentiment, d'abord confortable, assez rapidement lassant - pour une marche légèrement descendante d'une bonne heure qui me mène jusqu'au pont du Châtelet, construction vertigineuse en arche de pierres entre deux parois de gorges à pic surplombant l'Ubaye de quatre-vingt-dix sept mètres." (p. 355)

"Descente vers Larche, après le passage au col de Mallemort, dont le nom est comme un mauvais présage. Il est d'ailleurs vertigineux et d'autant plus impressionnant qu'il est encerclé et surmonté par des forts, des blocs de béton, le tout ruiné, éventré, percé de ferraille rouillée. On n'imagine pas les combats et la mort des soldats ici, où la montagne a tous les droits, où les marcheurs ont repris le pas." (p. 364)


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