"Ce livre reconstitue et raconte l'histoire de ce chemin. Il montre d'abord pourquoi et comment le GR5 s'est constitué en emblème de la randonnée en France depuis la fin du XIXe siècle. Il souligne également son aspect de mosaïque historique : ce sentier classique, tel qu'il a été balisé au début des années 1950, n'est finalement qu'une re-création, unifiant et réinventant des traditions marcheuses qui regardent vers un passé multiséculaire : tantôt chemin commercial ou de contrebande, draille de la transhumance ovine ou voie militaire menant de citadelle vertigineuse en forteresse d'altitude. Le GR5, dans ces passages-là, n'est pas seulement un objet d'histoire, il devient un vecteur d'histoire, permettant de plonger dans les strates passées des circulations pédestres alpines."
Antoine de Baecque, La traversée des Alpes, Essai d'histoire marchée, Folio-Histoire, 2014, p. 12.
"J'ai un petit étourdissement. Calé contre le dos de mon sac mouillé de transpiration, je regarde un temps, hébété, le paysage au col. Pas de panique, les Dents sont toujours là. La randonnée dans le calcaire, qui a précédé, offre un plaisir vertigineux, mais épuise, car les pentes sont rudes."
Antoine de Baecque, id. p. 68.
"C'est ainsi que la randonnée naît en France grâce aux groupes, aux compagnons méconnus membres de collectifs, davantage que par l'intermédiaire de sportifs célèbres, d'aventuriers distingués. A se demander, comme l'ont fait longtemps les rares revues spécialisés en la matière, si la randonnée moderne a même une histoire. Il est possible de citer le premier des spéléologues (Edouard-Alfred Martel), on peut égrener la généalogie vertigineuse des grands noms de l'alpinisme naissant, on établit un palmarès olympique des athlètes marcheurs, mais qui fut le premier randonneur ?"
Antoine de Baecque, id. p. 90.
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