"Le Moyen Age à son déclin paraît hanté par la Folie, une folie contagieuse, qui n'est pas caractérisée cliniquement, mais correspond plutôt à une attitude devant le faux sérieux d'une vie privée de sens. La folie apparaît comme une solution de défi ; défi à la mort par peste ou famine, dans les danses collectives si magnifiquement évoquées par Michelet : " Le spectacle des convulsions agissait d'autant plus puissamment qu'il n'y avait dans les âmes que convulsions et vertiges. Alors les sains et les malades dansaient sans distinction. On les voyait dans les rues, dans les églises, se saisir violemment par la main et former des rondes. Plus d'un, qui d'abord en riait ou regardait froidement, en venait aussi à n'y plus voir, la tête lui tournait, il tournait lui-même et dansait avec les autres. Les rondes allaient se multipliant, s'enlaçant ; elles devenaient de plus en plus vastes, de plus en plus aveugles, rapides, furieuses à briser tout, comme d'immenses reptiles qui, de minute en minute, iraient grossissant, se tordant..."
Philippe Audoin, Bourges, cité première, Julliard, 1972, p. 15-16.
La nef des Fous, Jérôme Bosch |
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