"Pourtant, devant ce vertige qui atteint le passager lorsqu'il plonge dans les profondeurs du pays, nous devrions nous interroger, cette ivresse des grandeurs qui l'entraîne à dépasser certains paliers d'accélération est redoutable, la grandeur du monde, son étendue se confondent soudain avec la volonté de puissance des conducteurs : c'est l'assaut qui donne le jour aux contrées du parcours, le territoire n'existe plus que par la violence de l'avance, c'est l'avancée qui provoque à l'arrivée le crépuscule des lieux, le voyeur-voyageur n'a plus besoin, comme son confrère sédentaire, de se tenir derrière le trou de serrure d'un centre de convergence panoptique, sa course n'est lus qu'un long regard où le lieu et l’œil se confondent étymologiquement."
Paul Virilio, L'horizon négatif, Galilée, 1984, p. 154.
"Depuis la révolution du transport, le lointain est devenu si proche que la résistance et l'opacité de la matière semblent avoir pour nous l'attrait d'un nouvel exotisme, l'éloignement n'est plus tant le fait de la durée et de l'étendue de la course, que celui de la dureté et de la solidité du matériau. Nouveau vertige, sous nos pieds le monde plein nous attire comme la plaine attirait jadis le nomade et la cavalier, secrètement nous désirons, semble-t-il, cette chute des corps dans les solides, l'idéologie (totalitaire) de la transparence rejoint ici celle du transport et exige la mise à jour, la percée du tunnel. Après l'abandon à l'ivresse (coloniale) des grandeurs continentales, nous sombrons dans l'ivresse des profondeurs sous-continentales..."
id. p. 174.
" Surfaces adverses, miroir des conquérants, les étendues désertiques ont attiré des générations de prospecteurs, chercheurs de vestiges, de richesses enfouies ; derniers du genre, les coureurs chercheurs de vertige, de vitesse ultime. Ainsi que l'exprime l'ancien recordman du monde Art Alfons : "Nous avons conquis les vastes espaces interplanétaires, mais nous savons si peu de choses sur les moyens de nous déplacer sur notre Mère la Terre."
id. p. 201.
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