vendredi 8 mai 2020

Faire de son mieux

"Gilbert Garcin est mort. C’était dans l’ordre des choses : un vieux monsieur, 90 ans. Et qui, après toute une existence d’entrepreneur en luminaires (déjà un programme en soi, si l’on y pense : éclairer, jouer des lumières et des ombres), vivait à La Ciotat une vieillesse peu commune : une deuxième vie soudain, de photographe, entamée à sa retraite, après un stage aux Rencontres d’Arles, et qui en deux décennies avait fait de lui presque une star, les amateurs de photographie du monde entier fascinés par ses photomontages minutieux, vertigineux de poésie et d’indifférence aux modes, à commencer par celle d’aller vite - une photo par mois tout au plus, à peine 300 images en vingt ans, invariablement prises à la lumière des mêmes projecteurs, braqués sur les mêmes personnages de papier jamais plus hauts qu’une vingtaine de centimètres.
[...]
J’ai rouvert le livre de Gilbert Garcin Faire de son mieux (Filigranes, 2013). J’ai été à nouveau frappé par la force de ses images, leur pouvoir d’évocation, leur puissance de pensée. Images ouvertes. Vertigineusement signifiantes, d’une signification multiple, surchauffée comme une boule à facettes chaque fois par le titre. La vie (résumée), où l’on voit Mister G marcher en rond dans le sable en portant sa croix, jusqu’au jour où ne reste plus que la croix, plantée au milieu du sable. (...)"

Sylvain Prudhomme, Extraits de la chronique "Mister G s’en est allé", Libération, 24 avril 2020.


Le départ, 2000, par Gilbert Garcin. 

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