"
Gilbert Garcin est mort.
C’était dans l’ordre des choses : un vieux monsieur, 90 ans. Et qui,
après toute une existence d’entrepreneur en luminaires (déjà un
programme en soi, si l’on y pense : éclairer, jouer des lumières et des
ombres), vivait à La Ciotat une vieillesse peu commune : une deuxième
vie soudain, de photographe, entamée à sa retraite, après un stage aux
Rencontres d’Arles, et qui en deux décennies avait fait de lui presque
une star, les amateurs de photographie du monde entier fascinés par ses
photomontages minutieux, vertigineux de poésie et d’indifférence aux
modes, à commencer par celle d’aller vite - une photo par mois tout au
plus, à peine 300 images en vingt ans, invariablement prises à la
lumière des mêmes projecteurs, braqués sur les mêmes personnages de
papier jamais plus hauts qu’une vingtaine de centimètres.
[...]
J’ai rouvert le livre de Gilbert Garcin
Faire de son mieux
(Filigranes, 2013). J’ai été à nouveau frappé par la force de ses
images, leur pouvoir d’évocation, leur puissance de pensée. Images
ouvertes. Vertigineusement signifiantes, d’une signification multiple,
surchauffée comme une boule à facettes chaque fois par le titre. La vie
(résumée), où l’on voit Mister G marcher en rond dans le sable en
portant sa croix, jusqu’au jour où ne reste plus que la croix, plantée
au milieu du sable. (...)"
Sylvain Prudhomme, Extraits de la chronique "
Mister G s’en est allé",
Libération, 24 avril 2020.
|
Le départ, 2000, par Gilbert Garcin. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire