"Il y a dans la chambre une commode de merisier clair, une lampe avec un abat-jour de soie, une pendule, des rideaux naïfs et quelques livres de chevet : ils rhabillent de pudeur ce lieu où chaque nuit leur corps retire sa doublure et retourne vers l'intérieur son œil grand ouvert. Combien de fois de leur vivant descendent-ils ainsi sous la terre, essayant d'y trouver les clefs des portes de corne ou de fer qui ne s'ouvriront pas ? Combien de fois se jettent-ils les uns vers les autres, avec spasmes et frissons, sans jamais étreindre rien d'autre que quelques dizaines de kilos de chair ? Qu'ils râlent ou qu'ils chantent, qu'ils joignent les mains ou supplient le ciel, nul oiseau ne déviera son vol, nul Dieu ne prêtera l'oreille à leur vertige."
Jean-Michel Maulpoix, L'instinct de ciel, Mercure de France, 2000, p. 26-27.
Site de Jean-Michel Maulpoix.
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