"Je sais qu'il te faudrait au moins deux vies pour aller au bout de tout ce que tu as à faire et c'est justement pourquoi je voudrais que tu resserres la seule qui t'est offerte et que tu ne t'éparpilles pas même pour aider à vivre des gens qui ont, eux, trop d'années d'existence qu'ils ne sauront jamais combler.
Enfin, de tout cela nous parlerons longuement. Mon Dieu, dire que bientôt je pourrai t'écouter pour la première fois, car en fait, tu ne m'as encore jamais parlé... Ah ! j'ai le vertige !"
Maria Casarès, Lettre à Albert Camus, 27 août 1948, Correspondance, Folio/Gallimard, p. 87.
"Pardonne-moi d'avoir été méchante. Si méchante... comment se peut-il ? Avec toi, ma vie ?
Mais je t'aime tant. Je suis si peu habituée à aimer de cette manière. Je suis si dépassée par cette rage tour à tour douce et violente qui s'empare de moi chaque jour davantage... où ? J'en ai presque peur. Si tu me manquais tout à coup, si tu venais à disparaître, si je devais vivre avec l'idée que tu n'es plus, qu'arriverait-il ? Ce soir j'y pense sans cesse et un tel vertige me prend que, si cela ne devait pas te réveiller, je crois que je m'habillerais et je partirais tout droit chez toi ; car tu es le seul à pouvoir m'apaiser."
Maria Casarès, Lettre à Albert Camus, 21 juin 1949, Correspondance, Folio/Gallimard, p. 119.
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