"Je sais que tu es parti en voyage, mais si tu as décidé de suspendre ta correspondance pendant tes déplacements, pourquoi ne m'en as-tu pas prévenue et pourquoi avant de quitter Rio ne m'as-tu pas posté un petit mot pour me faire patienter. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne comprends pas et bien que je me méfie beaucoup de l'affolement où je suis, je crois tout de même avoir conservé assez de sang-froid pour voir les choses avec des yeux presque raisonnables. Je me refuse à d'autres éventualités qui hantent mon imagination ; je me dis que si un événement imprévu était survenu, je l'apprendrais sans retard par des voies directes ou détournées, j'essaie de toutes mes forces de m'en convaincre, mais parce que je crois en toi et dans ton amour, il est des moments où e rejette l'idée que tu puisses te taire si longtemps de ton propre gré et alors, arrivée à la pointe extrême de mon espoir et de mon imagination, je suis prise de vertige et je tombe indéfiniment dans l'angoisse la plus pénible."
Maria Casarès, Lettre à Albert Camus, samedi 30 juillet 1949, in Correspondance, Gallimard, 2017.
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