"Les années qui ont suivi cette soirée sont difficiles à placer dans le faux ordre des pages des calendriers. Bruits, lumières colorées, un chœur qui semble fait d'une seule voix élastique enveloppant tout pour m'emmener au-delà de Jupiter et de l'infini. Vertige de jours et de nuits qui se confondent et pourraient être lus sans respecter aucun ordre car tout brille, tout sonne à peu près de la même manière étourdissante, sans vacances ni jours fériés."
Rodrigo Fresán, La Vitesse des choses, Passage du Nord-Ouest, 2008, p. 452.
"J'ai découvert cela un dimanche inoubliable, lorsque je suis monté dans l'hélicoptère de mon père pour bombarder de cocktails Molotov (préparés avec minutie dans des bouteilles d'un vin trop cher pour être bon) la performance d'un cousin ou d'une cousine qui avait un handicap bien supérieur au mien. Ce cousin ou cette cousine m'avait volé un fiancé ou une fiancée, je ne me rappelle pas, je ne suis plus très sûr de cette histoire. Il y a eu un pépin, un problème avec l'hélice arrière (c'était un vieil hélicoptère usé, une vénérable épave du Vietnam ou du Nicaragua), à moins que l'altitude vertigineuse de ma fureur ait tout déclenché. Je me suis écrasé très précisément au milieu du pubis de la géante de gazon et de sable."
Id. p. 452.
"Certes nos jours sont comptés, mais tout n'est pas perdu tant qu'un soir, une fille continue de tomber dans une piscine. Il ne faut surtout pas allumer les lumières, car dans le noir toutes les ombres sont sombres. Je crois que l'important, ce qui nous sauve et nous fera encore un peu gagner la bataille, c'est de connaître au moins une fois dans sa vie le vertige de tomber de bas en haut."
Id. p. 473-474.
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