vendredi 29 mai 2020

Tous les Moines Mantra du monde sont à présent à Sad Songs

Avant-dernière brassée de vertiges fresaniens :

"Dominer la vitesse des choses est la plus ambiguë et la plus paradoxale des bénédictions. Soudain, tout devient digne d'être manipulé et mis par écrit. Les personnes deviennent vite des personnages, et les puissantes exigences de la fiction étant satisfaites, les prières de plus en plus faibles de la réalité finissent par s'effacer. Le danger se présente parfois face à une subite inversion du système : ce que nous pensions fictif commence à justifier, voire à anticiper certains traits de la réalité. Alors la vitesse des choses prend l'apparence d'un vent sans limites, d'une force qui rase tout sur son passage, d'une forme de "maladie" (Panique de la Fuite Considérée ? Chose ? Esprit de l'escalier* ? Vertige des demoiselles ? Terreur des petites estampes religieuses ?) qui m'a attaqué sans prévenir tout en me sauvant paradoxalement la vie en m'empêchant d'écrire et en faisant de moi celui que je suis à présent : une curiosité vaguement dangereuse,un phénomène de foire.
Un écrivain qui n'écrit pas."
* En français dans le texte

Rodrigo Fresán, La Vitesse des choses, Passage du Nord-Ouest, 2008, p. 575.

"Quand l'ordinateur m'a demandé si j'étais sûr de ce que je faisais, j'ai répondu par l'affirmative, lui disant que de toute ma vie, je n'avais jamais été aussi sûr de quelque chose.
Les visages, les informations, les cartes et les voix ont alors commencé à disparaître au plus vite, et le vertige de leur fin augmentait comme s'ils roulaient du haut d'une montagne. Grâce au miracle digital, au mirage du verre liquide, j'ai cru voir José de San Martín danser avec Evita, mais je n'en suis pas tout à fait sûr."

Id. , p. 579. 

"Carte postale n°22
Tous les Moines Mantra du monde sont à présent à Sad Songs et -pour simplifier les choses, pour donner une direction au fantôme vertigineux de Babel - tous communiquent entre eux en anglais."

Id. , p. 590.

José de San Martín



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