vendredi 22 mai 2020

Gouffre sournois qui s'ouvrait derrière

"C'était très désagréable. A diverses reprises, Angélo, arrivé au faîte d'un pignon (d'un de ces triangles noirs qu'il avait vus dans la nuit) et se trouvant brusquement en présence du gouffre sournois qui s'ouvrait derrière, avait chancelé, avait même dû s'appuyer de la main sur les tuiles et repartir obliquement à quatre pattes. Ces profondeurs aspiraient.
Mais ces vertiges s'ajoutaient les uns aux autres et même quand, de l'autre côté du faîtage il n'y avait au bas de la pente du toit qu'un autre toit qui remontait, Angélo se laissait glisser dans ce creux de houle avec une inconscience de somnambule. Son esprit était cependant en éveil et il souffrait atrocement de ces abandons de force physique. La peur le prenait au ventre et il vomissait chaque fois un peu de bile."

Jean Giono, Le Hussard sur le toit, Folio, p. 148.

"Le plus simple était d'aller s'abriter contre la rotonde de l'église. Là, pas de risques. Les arcs-boutants faisaient de l'ombre ; ils semblaient recouvrir comme une tonnelle un petit endroit plat.
C'était en effet une véritable tonnelle et un endroit plat recouvert de zinc. Malgré sa soif évidente, Angélo attendit d'être arrivé pour boire. Il se méfiait des chausse-trapes et du vertige."

Id. p. 155

"Il se mit à errer sur les toits. Il ne faisait plus du tout attention à ces gouffres que les cours intérieures ouvraient soudain devant lui. Il était occupé d'un autre vertige. Il s'en alla même fort calmement ramasser ses bottes sur la pente assez raide d'un toit où il les avait fait rouler au cours de la nuit dans le débat de ses rêves."

Id. p. 167.


Le Hussard sur le toit, Jean-Paul Rappeneau, avec Olivier Martinez (Angélo)

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