vendredi 15 mai 2020

Tu es le seul à pouvoir m'apaiser

"Pardonne-moi. Pardonne-moi, mon chéri. Ton beau visage fatigué. Dors, dors en paix. Tu peux être en paix, tu en as le droit.
Pardonne-moi d'avoir été méchante. Si méchante... comment se peut-il ? Avec toi, ma vie ?
Mais je t'aime tant. Je suis si peu habituée à aimer de cette manière. Je suis si dépassée par cette rage tour à tour douce et violente qui s'empare de moi chaque jour davantage pour m'entraîner... où ? J'en ai presque peur. Si tu me manquais tout à coup, si tu venais à disparaître, si je devais vivre avec l'idée que tu n'es plus, qu'arriverait-il ? Ce soir j'y pense sans cesse et un tel vertige me prend que, si cela ne devait pas te réveiller, je crois que je m'habillerais et je partirais tout droit chez toi ; car tu es le seul à pouvoir m'apaiser."

Lettre de Maria Casarès à Albert Camus, 21 juin 1949, Correspondance, Folio/Gallimard, p. 119.




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